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ARCHEOLOGIE NIVERNAISE

ARCHEOLOGIE NIVERNAISE

Site dédié à la préhistoire, proto-histoire et période gallo-romaine dans la Nièvre (58)


Découverte d’un fragment de meule antique

Publié par Archéologie-Nivernaise sur 6 Mai 2024, 13:20pm

Catégories : #Gaule romaine

Découverte d’un fragment de meule antique

par Christian BEGO

 

Ce fragment de meule a été découvert en prospection pédestre, dans une parcelle labourée sur la commune de Sauvigny-les-Bois, à Forge (Nièvre).

Il s’agit de la partie supérieure tournante d’un moulin rotatif à bras, appelée « catillus », d’époque gallo-romaine.

Taillé probablement dans un gré local, généralement composé de quartz, feldspath, mica….(fig.1 et 2), ce fragment de meule, avec un peu moins de la moitié conservé, a un diamètre (théorique) entre 45 et 46 cm pour une épaisseur maximale de 11,5 cm au plus large. Son poids est de 9,8 kg.

 

fig.1 (macroscopie)

fig. 2 (microscopie)

Deux perforations latérales, horizontales, sont présentes sur ce fragment. Elles servaient à y insérer un manchon pour la rotation du moulin à bras. De forme conique, non débouchante, la première a un diamètre à l'entrée de 4,5 cm, un diamètre au fond de la perforation d’environ 3 cm et une profondeur de 6 cm.  Elle est sans doute celle d'origine. L’usure progressive de la meule (catillus/meta) l’une sur l’autre et le passage du produit broyé, provoquant, avec l’effet de rotation, une abrasion au fil du temps a eu pour conséquence le rapprochement de la perforation à celle de la surface active, ce qui a probablement contraint l’utilisateur à recréer une seconde perforation ?.

Cette seconde perforation a un diamètre de 4 cm, un diamètre au fond de la perforation d’environ 2,5 cm pour une profondeur de 6 cm. Elle a été effectuée à peu près dans la partie médiane du flan du catillus.L’angle formé par les 2 axes passant par le centre des perforations fait à peu près 60° (fig.3)

fig.3

La meule à main « rotative » se compose d’une partie supérieure mobile appelée catillus et d’une partie inférieure fixe appelée meta (fig.4)

 

fig.4

Les grains sont introduits à la partie supérieure, tombent dans « l’œil » et passent entre « l’anille » et les parois de « l’œil » pour se retrouver pris entre les deux surfaces actives des meules. Le mouvement rotatif, actionné par la force musculaire d’un bras, est transmis à la meule de dessus grâce à un emmanchement ou une perche.  Ce mouvement facilite le passage du grain entre les meules. Les grains sont concassés et libèrent la farine qui ressort sur les côtés (ou par le point d’évacuation) avec le son.

Le couple anille et axe central a deux fonctions : l’optimisation du mouvement de rotation du catillus en le centrant correctement et le réglage de l’écartement entre les deux meules afin de diminuer légèrement les frottements, et donc de faciliter la rotation.

La majorité des emmanchements de ces catillus sont situés sur le côté. Il ne s’agissait probablement pas de simples morceaux de bois horizontaux, un retour vertical permettant une meilleure prise en main est à envisager. (fig.5)

fig.5

Pour la rotation, l’axe central part de l’œil de la meta et vient se loger dans l’anille, au niveau de l’œil du catillus.     L’anille rend la rotation plus concentrique et évite le léger décentrage causé par l’espace entre l’axe central et les parois de l’œil du catillus. La mouture sort tout autour des meules, sur 360 degrés, comme pour les moulins hydrauliques.  

Notons la découverte de plusieurs fragments de catillus sur la commune d’Imphy, lors des fouilles de sauvetage du sanctuaire gallo-romain de la Garenne en 2008, effectuées par l’INRAP. 

Il s’agit de 3 fragments de catillus de diamètres inférieurs entre 37 et 39 cm, d’époque de l’âge du fer (La Tène). Un autre fragment plus gros en diamètre (62 cm) correspondait plus à une meule hydraulique ou à traction animale de la période antique (II ou IIIe siècle).

                                          

                                                                       

    

 

Bibliographie :

Chaussat Alain-Gilles, 2009, Les meules à main rotatives en Basse-Normandie. Corpus 1, les meules

antiques, Master 2 d’Histoire (Archéologie), Dir Christophe Maneuvrier CRAHAM,

Université de Caen Basse-Normandie.

Jaccottey L., Jodry F., Longepierre S., Robin B. – 2011. Chronologie et diamètres des meules à bras à la fin de La Tène et à l’époque antique, In : Buchsenschutz et al. (dir.), p. 291-298.

Jaccottey, L., F. Jodry, F. Boyer, S. Deffressigne et V. Farget (2011a) : “Le matériel de mouture de la fin de la période gauloise et du début de l’époque romaine”, in : Reddé, dir. 2011, 918-928.

Jaccottey 2014, Les carrières de meules de Bibracte et d’Autun. Journée régionale de l’archéologie - 2014

Jaccottey L. et Farget V. – 2011 : Les normes de dessin des meules rotatives

Florent Jodry, Luc Jaccottey, Boris Robin, Paul Picavet, Alain-Gilles Chaussat - Typologie et fonctionnement des manchons des moulins rotatifs manuels durant le deuxième âge du Fer et le Haut-Empire – 2011

 

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